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" Un parc écologique précurseur "

Jacques Coulon, architecte, et Laure Planchais, paysagiste, ont conçu les Jardins Jean-Marie-Pelt, ex-parc de la Seille, à Metz (57). Cet espace paysager s'étend sur 20 hectares.

L'architecte Jacques Coulon et la paysagiste Laure Planchais ont conçu, il y a 15 ans, au centre de Metz (57), un espace nature de 20 ha selon des principes avant-gardistes et avec un budget de 30 €/m².

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« La renaturation de la rivière Seille alors canalisée et la prévention de ses débordements, le recyclage des matériaux de déconstruction, la gestion différenciée des futurs espaces, la primauté à la biodiversité, l'absence d'organisme génétiquement modifié (OGM), la gestion des eaux de ruissellement du nouveau quartier de l'Amphithéâtre en projet à côté du parc... figuraient parmi les exigences formulées », énumèrent les concepteurs Laure Planchais,paysagiste, et Jacques Coulon, architecte.

Le réaménagement de ce grand espace de friches en parc a suivi un cahier des charges précurseur, bâti sur des principes émergents d'écologie urbaine. « Ces principes, ainsi qu'un budget limité, à savoir 30 euros par mètre carré, ont débouché sur un aménagement et une esthétique très différents d'un parc horticole, souligne Laure Planchais. Nous n'étions plus dans la domestication, mais dans l'accompagnement du végétal. C'était vraiment novateur. »

Concrètement, les jardins, rebaptisés récemment du nom du botaniste Jean-Marie Pelt (*), forment un espace paysager à proximité du centre-ville et à deux pas du centre Pompidou-Metz, bordé par la Seille. Ils se nommaient d'ailleurs parc de la Seille jusqu'au mois de mai 2016. Ce site de 20 hectares se compose de prairies, bassins et roselières dans sa partie sud, et de prairies et pelouses axées sur l'accueil du public au nord, côté ville. Difficile d'imaginer que, peu avant 2000, ce lieu de verdure était encore occupé par une gare de marchandises et par l'ancienne foire exposition de la ville.

Ce territoire a d'abord été remanié, la Seille décanalisée et un bras de rivière recréé. Environ 130 000 m³ de terre, issus de la renaturation du cours d'eau, ont été maintenus sur le site, réutilisés, et aucun volume supplémentaire n'a été apporté. Ces limons ont constitué en grande partie les sols. L'apport de terre végétale, provenant exclusivement de terrains de sport du site, a été réservé aux plantations d'arbres. « Deux collines ont également été structurées avec les remblais, qui ont ensuite été ensemencés avec des algues et des bactéries pour accélérer leur évolution, désigne Jacques Coulon. Ce travail de modelage de relief a redonné une vue sur la Seille. Il a pu être mené rapidement car l'entreprise qui intervenait utilisait les mêmes matériels que pour les autoroutes. » Et pour le pavage des allées, les pavés de l'ancienne gare de marchandises ont été récupérés, décapés et réutilisés.

Des bassins, des roselières et des prairies humides ont été aménagés dans la partie sud, afin de gérer les crues et les eaux de ruissellement du futur quartier voisin. Ces milieux favorisent la biodiversité faunistique (en particulier les oiseaux) et floristique. Dans leur choix de végétaux, les concepteurs ont - dans cette partie du parc - privilégié les espèces locales « en toute logique, puisque nous étions sur les limons de la rivière », note Laure Planchais. Sur le flanc de la butte, des mirabelliers et des vignes ont été implantés au milieu des prairies, tandis qu'en contrebas se trouve une houblonnière. Elle est bordée depuis l'an dernier d'une zone de jardins potagers. « À l'emplacement de ces jardins, nous avions réuni des plantes locales identifiées, caractéristiques de la flore locale décrite par le botaniste Kieffer, relate la paysagiste. Dans ce cadre, les services des espaces verts de la ville avaient, par exemple, mis en culture l'inule britannique, une mousse du milieu littoral présente en bordure de la Seille, qui comporte des milieux salés. »

Les 20 hectares sont entretenus par une personne à temps plein, avec l'intervention d'une équipe pour la fauche des prairies une fois par an. « La collection botanique de plantes de la rivière réclamait, en fait, une gestion particulière par rapport au reste du parc, indique Michel Koenig, directeur du pôle parcs, jardins et espaces naturels de l'agglomération mosellane. Certains végétaux étouffaient les autres, et les parer était très exigeant : nous ne sommes pas parvenus à pérenniser cette zone. »

Gérés sans produits phytosanitaires, les Jardins Jean-Marie Pelt sont aussi conduits sans arrosage depuis leur création, tel que prévu par ses concepteurs. « Lors de la sécheresse de 2003, tout a été brûlé, se rappelle Michel Koenig. Mais ensuite, la végétation est repartie. »

Catherine Regnard

(*) « Des jardins Jean-Marie Pelt, à Metz », le Lien horticole n° 980 du 13 juillet 2016.

Laure Planchais.

Des mirabelliers et des vignes occupent une partie des prairies couvrant la butte artificielle créée au sud du parc.

Dans sa partie nord, cet espace paysager comporte des arbres d'ornement et davantage de vivaces. En arrière-plan, la Seille renaturée.

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